Publicación: L'Écho des Pyrénées : journal politique paraissant les mardi, jeudi, samedi. Pau, Francia
Fecha : 1875-01-05
Fuente: Gallica
Quand on se rend au Sanctuaire de Lourdes, voyageur ou pèlerin, on ne le quitte pas sans avoir remarqué une belle cloche, qui fut récemment baptisée et bénie par un de nos éminents prélats et qui bientôt sonnera les heures de prière dans le clocher de l’Eglise.
Sur cette cloche sont gravés ces mots:
« Henri, Gaston, Prince de béarn et de yiana, et Cécile, Charlotte, Marie de Périgord, Princssse de Béarn et de Viana m’ont donnée à N. D. de Lourdes. »
Or ce titre de Prince de Béarn porté jadis par les Souverains du Béarn et inséparable de la Souveraineté n’est ni plus ni moins que le titre de notre grand Henri, Henri III de Navarre et Henri IV de France.
Il l’a transmis à sa descendance avec la couronne de France et de Navarre à laquelle le Béarn avait fait réversion en sa personne.
De telle sorte, que si on se place au point de vue de la légitimité, le vrai et seul Prince de Béarn est Henri V de Bourbon, et si on se place au point de vue des faits accomplis, il n’y a d’autre Prince de Béarn que celui qui règne sur la France.
Mais jamais, jusqu’à ce jour, il n’est entré dans la pensée d’un particulier de prendre le titre de Prince de Béarn.
Quant au titre de Prince de Viana, il était porté jadis par le fils aîné des Rois de Navarre, de même que le titre de Dauphin appartenait à l’héritier de la couronne de France.
L'usurpation de ce dernier titre par un particulier n’est que ridicule; celle du titre de Prince de Béarn est plus grave, parce qu’elle blesse toutes les traditions de notre histoire et, comme Béarnais, quelles que soient d’ailleurs nos opinions, nous devons protester contre l’inscription de la cloche de Lourdes.
Le donateur est Monsieur le Comte Henri Gaston de Galard, de Brassac, de Béarn.
Son père s’appelait le Comte de Béarn, et il est mort encore jeune, secrétaire d’ambassade, sans avoir jamais songé à prendre, à porter ou à demander le titre de Prince de Béarn.
Son grand-père, qui était Sénateur sous 1'Empire, a toujours été connu comme Comte de Béarn et pas nue son fils, ni de prendre le nom de Prince de Béarn. Comment se fait-il que le jeune homme, donateur de la cloche de Lourdes, ait osé substituer au titre porté par son père, son grand-père et par tous les siens, le titre Royal et Souverain de Prince de Béarn?
Cela ne pourrait s’expliquer que de deux manières, qui toutes deux nous graissent inadmissibles.
Ou bien M. le Comte de Béarn a été créé Prince de Béarn sous l’Empire.
Ou bien, profitant de l'absence d'un Souverain par le fait de la république, il s’est créé Prince de Béarn, lui-même et de son autorité privée.
Le premier cas nous semble peu probable, car une création de ce genre ne fut pas passée inaperçue et en tout cas nous l’eussions due figuier comme décret Impérial au Journal Officiel ou au Bulletin des Lois; nous sommes donc presque forcés de craindre et de supposer que M. le Comte de Béarn a pris les titres de Prince de lui môme, sans droit et, sans permission.
Sa famille, d’ailleurs ancienne, s'appelait Galard.
Géraud, Sire de Galard, épousa vers l’an 1300 Eléonore d’Armagnac, Dame de Brassac et son fiis Beitrand prit le nom de Galard de Brasac.
Un de ses descendants, Hugues, Baron de Galard de Brassac épousa en 150S Jeanne d'Antiu, veuve de Jean de Béarn de Gerderest, lequel était fils cadet d’un enfant naturel de Jean, Comte de Foix et Vicomte de Béarn.
Jeanne d’Antin avait eu de son premier mari, le fils du bâtard de Foix, une fille nommée Jeanne de Béarn de Gerderest, et elle lui fit épouser François de Galard de Brassac, fils de son second mari, l’année môme de son second mariage, le 12 Novembre 1508, en stipulant que son gendre ajouterait à son nom et à ses armes, le nom et les armes de sa fille.
François prit en conséquence le nom de Béarn qu’il ajouta à celui de Galard et de Brassac, et qu’il transmit à sa descendance, laquelle portait le titre de Comte au XVIIme siècle.
Il y avait d’ailleurs d’autres Comtes 'de Béarn de la môme souche bâtarde et descendants du frère aîné de de Béarn.
Comme on le voit, il n’y a dans tout ceci aucune trace du titre de Prince de Béarn, qui n’a jamais pu appar tenir qu’au légitime Souverain du Béarn, et encore moins du titre de Prince de Viana qui n’a été porté que par les héritiers légitimes de la Couronne de Navarre.
Les descendants de François continuèrent jusqu’à nos jours à s’appeler Comtes de Galard de Brassac de Béarn ou simplement Comtes de Béarn, et ce n’est que récemment, à l’occasion de son mariage, que le jeune Comte eut l’étrange fantaisie de faire circuler des billets de faire-part portant les titres pompeux de Prince de Béarn et de Viana.
Dans le monde parisien, on fit à cette prétention sou daine, l'accueil quelle méritait; puis on cessa de s’en occuper, parcequ'aprés tout, il importe peu au public qu’un Monsieur se fasse appeler chez lui d’un nom ou d’un autre.
Mais pour nous autres Béarnais, il ne convient pas quo des particuliers viennent ainsi s’emparer des titres de nos anciens souverains; il convient encore moins que cette entreprise reçoive en quelque sorte une sanction religieuse, par l’inscription gravée sous l’airain de nos sanctuaires.
L'Eglise de Lourdes est le pèlerinage de Notre Dameet non°pas le bureau d’enregistrement des nouveaux ti
tres qu’il plaît aux pèlerins de s’attribuer.
On doit s’y présenter avec le nom de son père.
\ussi demandons-nous qu’une enquête nous apprenne
quel est ce nouvel héritier de la Couronne de Navarre
qui ressuscite après plus d’un siècle les titres de Prince
de Béarn et de Prince de Viana.
Nous avons une loi, nous avons des décrets qui régis
sent la matière, et nous verrions avec plaisir l’autorité
qui est chargée de les faire respecter, en assurer l’exé
cution et ne pas permettre qu aux yeux de tous ils
soient violés à Lourdes.
Si M. le Comte de Béarn est devenu depuis quelque
temps Prince de Béarn et Prince de Viana, qu’il le
prou\e et nous nous inclinerons.
Mais si la bonne foi de l’éminent prélat qui a baptisé
la cloche de Lourdes a été surprise, nous demandons
que les faux titres soient effacés et que le donateur y
soit désigné comme l’ont été jusqu’ici tous les siens :
Comte de Galard de Brassac de Béarn ou seulement
Comte de Béarn ; — et ce sera justice.
Otra vez 24 -11-1880
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5229862p/f2.item.r=Chateau%20viana.zoom
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